Bonjour à tous! Nous sommes des étudiants de l'Université de Gênes, en Italie, et nous vous souhaitons le bienvenue dans notre blog! Notre cours de français de cette année est centré sur les stéréotypes et les préjugés et donc nous voilà! Le nom du groupe vient d'un aphorisme du philosophe allemand Friedrich Wilhelm Nietzsche que nous a frappé beaucoup parce que nous justement parlerons de préjugés et de stéréotypes à travers des posts écrits, qui renvoient aux "mot" de Nietzsche. Nous sommes prêts à partager avec vous notre parcours à travers ce sujet. N'hésitez pas à commenter nos posts!

lundi 14 décembre 2015

Récit: Un repas


Monsieur Luigi Cremona, critique culinaire italien, doit aller au restaurant Les Ambassadeurs de l’Hôtel de Crillon, à Paris pour écrire un article.

A midi et demi il entre dans le restaurant, où personne ne le connaît pas, ils ne savent pas qu’il est là pour écrire une relation à publier. Et non plus le jeune chef Christopher Hache ne le sait pas. Luigi voulait commander comme entrée une crêpe sucrée, mais dans le menu à la carte… pas le moindre. Alors, il laisse le choix au chef. Christopher lui prépare l’homard bleu façon « tomate mozzarella ». Il valait mieux pour lui ne l’avoir jamais fait, parce que l’italien commence presque à hurler à la servante : « De la mozzarella avec du poisson ?! Est-ce que vous êtes devenus fous, le chef et vous qui m’emmenez ce plat-ci ? Vous ne le voyez pas ? ». Martine, la jeune servante, est effrayée et court dans la cuisine où elle raconte ce qui vient de se passer. Tous les cuisiniers sont un peu irrités, mais ils savent que parfois les clients son super-exigeants et laissent tomber.
Luigi regarde la carte perplexe : il aurait voulu goûter un plat de bon gratin, de célèbres escargots français ou bien de classiques cordon bleus « Mais est-ce que je suis dans un restaurant français ? Je commence à douter… » il pense. Vu le mauvais résultat à laisser le choix à la cuisine, pour le second plat il dit à voix basse : « Am stram gram, pic et pic et colégram, bour et bour et ratatam, am stram gram ». Son doigt décide que ça sera pour la lotte. Malheureusement il n’a pas beaucoup de chance… Martine pose l’assiette devant lui, mais tout de suite elle crie « A l’aide ! Il s’est évanoui ! ».  Les autres clients, un peu impressionnés, posent leurs couverts. La jeune serveuse s’en aperçoit et dit : « Ne vous inquiétez pas, il n’avait pas encore touché le plat… ». Un soupire générale de soulagement s’entend dans la salle et tout le monde recommence à manger son excellent déjeuner.
Luigi revient et, préoccupé de perdre son bon ton, il demande de lui apporter vite le dessert pour s’en aller le plus vite possible. « Un profiterole à la crème chantilly. J’espère qu’au moins ça vous le savez faire ! ». Christopher, qui était en colère, cuisine personnellement son meilleur vacherin rhubarbe et fraises des bois et s’assoit près du critique.
« Je suis désolé, Monsieur, que vous n’ayez pas aimé votre déjeuner. J’ai préparé ce dessert avec mes mains pour vous ».
« Ce n’est pas ce que j’avais demandé, mais j’ai tellement faim que je le goûterai. Au moins il y a de la crème chantilly ».
Dans la salle tombe un étrange silence, comme si tout le monde attendait un verdict.
« Mmh… » Peut-être on y est ! « Je dois avouer que ce n’est pas mal. Comment vous vous appelez ? ».
« Chef Christopher Hache, Monsieur ».
« Moi je m’appelle Luigi Cremona, je suis un critique culinaire pour la Guide Michelin italienne ».
On entend un « Oh ! » générale, tous les yeux sont sur les deux hommes.
« Ravi de faire votre connaissance ».
« Moi je ne serais pas tant ravi. J’ai mangé très mal aujourd’hui. Ou mieux, je n’ai pas mangé du tout. Je suis venu en France pour manger des crêpes, du gratin, des escargots et vous n’avez ni de cordon bleus ? Mon commentaire ne va pas être absolument positif ».
« Monsieur, attendez un moment. Est-ce que vous pouvez m’expliquer pourquoi vous n’avez rien mangé, s’il vous plaît ? ».
« Vous ne le comprenez pas ? Vous savez que vous, nouvelle génération de chefs, vous avez détruit la cuisine ? Elle n’a plus aucun sens, vous mélangez tout au hasard, elle n’a plus de dignité. Poisson et mozzarella ! Mais vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ?! ». Il est sur le point de pleurer. Martine lui donne un verre d’eau italienne San Pellegrino pour être sûre de ne pas le faire tomber en colère de nouveau. « Merci, jeune fille » répond-il.
Christopher ne se laisse pas effrayer et répond :
« Monsieur, je comprends vos raisons, mais regardez autour de vous » Les clients, pris au dépourvu, se tournent brusquement vers leurs assiettes. « Les autres clients ont tout mangé sans rien dire et ils semblent satisfaits… ou bien, ils le semblaient y a quelques minutes… maintenant ils ont une étrange expression… Quand-même, personne ne s’est plainte. Je vous prie de goûter au moins un morceau de mes plats ».
« Eh bien d’accord ! J’essayerai, mais si je ne les aimerai pas, vous allez être en grande difficulté ».
La tension monte dans Les Ambassadeurs. Quelqu’un téléphone à ses amis pour leur raconter en direct tout ce qui se passe.
Christopher rentre dans la cuisine et fait sortir tout le monde. Après un peu, il arrive avec son cheval de bataille : l’ormeau sauvage cuit meunière.
« Monsieur Cremona, bon appétit ».
Un partie de ce qui est devenu le public se lève et s’approche aux duellistes. Ils soutiennent le jeune chef, bien sûr.
Luigi se concentre, il ferme ses yeux, il boit un peu de San Pellegrino et finalement dit : « Christopher, cette entrée est savoureuse, mais elle n’est pas encore excellente. Vous pouvez l’améliorer ».
« Merci, Monsieur, je m’engagerai depuis ce soir-même ». Il retourne dans la cuisine.
« Moi, je n’ai pas compris si c’est un commentaire positif ou négatif. Et toi, Jaques ? ».
« Moi non plus, Berthe. Ce qui est sûr c’est que j'ai beaucoup aimé mon ormeau».
 La porte de la cuisine s'ouvre après cinq minutes et Christopher sort avec un grand plat dans ses mains : c’est « Le Bœuf ». Le critique italien attend un peu avant de manger. « Qu’est-ce qu’il fait ? » « Oh non, il va détruire notre chef ! » chuchote le public. Toujours en silence, l’italien prend sa fourchette et mange un morceau de viande ; ensuite il essaye un vol-au-vent.
Maintenant Christopher commence à avoir peur : le visage de l’homme en face de lui paraît sombre.
Luigi pose les couverts, il y a un silence spectrale dans la salle (heureusement il est une heure dans l’après-midi, pensez s’il était nuit : un vrai film d’horreur !). Il lève son regard vers le chef et dit :
« J’espère que vous pouvez m’excuser, jeune chef. Je m’était trompé, tout ce que vous avez préparé était bon, même si vous pouvez faire beaucoup mieux ».
Applaudissements et quelque larme de joie.
« Merci, merci vraiment Monsieur Cremona. Je vous assure que je m’améliorerai ».
« Ne me remerciez pas, jeune homme. Par contre, je vous donne une étoile Michelin parce que vous m’avez vraiment surpris ».
Maintenant même le chef pleure. Martine appelle sa mère, qui est journaliste, pour lui dire de venir immédiatement ; ensuite elle emmène un verre d’eau Evian à Christopher, qui reçoit les compliments de tout le public.
« En réalité, le fous étais moi – pense Luigi en partant pour rentrer à son hôtel- Les temps changent et on ne doit pas rester lié ni au passé, ni aux stéréotypés : les nouveautés peuvent faire bien (et être savoureuses !). Mais je ne peux pas renoncer à une bonne flûte de champagne français ! ».
 
 
Matteo Gramaglia
(structure pensée avec Federico Grillo et Giulia Lai)
 
Toute référence à faits qui se sont réellement passé est involontaire et le texte ci-dessus est purement le fruit de l’imagination de l’auteur.

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